Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une seule page.
Saint Augustin d'Hippone

Biographie

Jacques BROGARD

Docteur vétérinaire diplômé de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse en 1978. Spécialiste des Reptiles et auteur d'un ouvrage intitulé "Les maladies des Reptiles" en 1987

Passion pour les voyages lointains. Cinéaste amateur notamment tout ce qui concerne faune et flore.

Ecologiste inquiet par la dégradation rapide de notre environnement, en particulier la perte de biodiversité.

Mes Livres

NATURE MORTE

Le XXIe siècle deviendra écologique ou ne s'achèvera pas

Éditeur :BROGARD Jacques

Genre :Sciences de la vie

Sortie: 02/07/2018

Jacques Brogard, diplômé de l'École Nationale Vétérinaire de Toulouse en 1978, a toujours manifesté un grand intérêt pour la nature et l'écologie. La dégradation rapide de l'état de santé de notre planète a motivé l'écriture de ce livre qui se veut être un cri de colère devant l'urgence trop souvent ignorée par nos élites. Cet ouvrage généraliste aborde tous les thèmes de l'écologie, en vulgarisant le contenu pour faciliter l'accès au plus grand nombre. Sont traités tour à tour, la genèse de...

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Inventaire zoogéographique des Reptiles

Région afrotropicale et région paléarctique

Le but de cet ouvrage en français et en anglais est de faire une " checklist " des Reptiles du monde en standardisant...

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Les maladies des Reptiles

La 1ère édition a eu lieu en 1987. Avant cette date, il n'existait aucun livre en français sur les maladies des reptiles....

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La perte de biodiversité

La perte de biodiversité est réelle. Celle concernant les Mammifères est la plus « visible ».

J’ai eu l’occasion d’observer et parfois de filmer ou photographier beaucoup d’espèces rares, dont les emblématiques rhinocéros depuis plus de 40 ans. Les photos présentées sont toutes faites en pleine nature. J'ai privilégié la rareté d'une espèce plutôt que la qualité du cliché; les conditions pour les faire étant parfois difficiles ou délicates !!

RHINOCÉROS :

La stupidité d’une croyance infondée va finir par avoir raison des 5 espèces existantes ; à savoir le pouvoir aphrodisiaque de la corne (qui ne contient que de la kératine, c’est-à-dire la même protéine que celle de nos cheveux ou ongles).

Il y a 5 espèces de rhinocéros. Deux en Afrique et trois en Asie.

Les deux africains sont le blanc (Ceratotherium simum), le mieux représenté avec plus de 20 000 animaux vivant surtout au sud du continent. Le noir (Diceros bicornis) est plus menacé car on est passé de plus de 800 000 au début du XXe siècle à moins de 5000 actuellement. Beaucoup de pays africains ont vu leurs populations de rhinos disparaître définitivement. La Namibie, le Botswana et l’Afrique du Sud sont les zones où l’on peut encore en rencontrer relativement facilement. Curieusement on ne les distingue pas par la couleur, mais par la forme des lèvres qui révèle leur mode d’alimentation : le noir mange des branches basses et possède des lèvres pointues et le blanc est un brouteur avec les lèvres droites. Le nom « blanc » a été attribué par mauvaise traduction de « wide », c’est-à-dire « grand » et par opposition on a désigné la deuxième espèce par le qualificatif « noir ».

Les 3 espèces asiatiques ont vu leur territoire se réduire comme peau de chagrin au cours du siècle dernier. Ce sont par ordre « d’abondance » : le rhinocéros unicorne indien (Rhinoceros unicornis) avec 2500  animaux répartis en Inde et au Népal. Le rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus sumatrensis), qui malgré son nom était présent dans plusieurs pays d’Asie du Sud-est et ne subsiste plus qu’en Malaisie et Indonésie à raison d’un peu plus de 200 animaux. Enfin le rhinocéros de Java (Rhinoceros sondaicus), le plus rare ne vivant plus que dans la réserve d’Ujung Kulon à l’ouest de Java avec une cinquantaine d’individus. C’est le grand Mammifère le plus menacé du monde.

Autant dire que les rhinocéros ne verront pas le XXIIe siècle… L’homme peut-être non plus…

ÉLÉPHANTS :

Les éléphants d’Afrique (Loxodonta africana) comptaient entre 5 et 10 millions de têtes dans les années 1930-1940. Ils sont encore présents dans 37 états africains et ont disparu de quelques pays (Mauritanie, Gambie, Burundi). La population totale estimée en 2007 se situait entre 472 269 et 689 671 exemplaires et semble se maintenir à peu près à ce niveau en 2015.

L’éléphant d’Asie (Elephas maximus) réparti à l’origine de la Syrie à la Chine et l’Asie du Sud-Est, n’est plus présent que dans 13 pays. La Chine, pourtant vaste, a vu sa population du Yunnan s’amenuiser aux environs de 200 spécimens en 2011. En 2003, il subsistait à l’état sauvage en Asie entre 41410 et 52345 animaux ; depuis il n’a pas été effectué de recensement  fiable, et il est probable que la totalité des éléphants d’Asie n’excède pas 40 000.

Les éléphants, qu’ils soient asiatiques ou africains, nécessitent d’immenses territoires pour leur approvisionnement en nourriture, et sont aussi contraints à effectuer des migrations dans ce but, d’où leurs fréquentes entrées en conflit avec l’homme qui utilise ces zones en pâturages, en coupes forestières, voire en urbanisation ; de plus, l’espèce asiatique vit sur un territoire densément peuplé. Tout cela signifie que les éléphants n’ont quasiment aucun avenir en dehors de zones immenses bénéficiant d’une protection draconienne.

L’abattage illégal pour l’ivoire est important et va en s’aggravant en Afrique centrale, d’autant que ces régions sont en proie à des conflits humains permanents. La direction principale de l’ivoire africain brut est la Chine. Acheter des objets en ivoire en Asie signifie contribuer au massacre des éléphants d’Afrique. En Afrique, lorsqu’on se voit proposer une statuette ou autre objet en « ivoire », affirmer au vendeur que l’on est contre le commerce de l’ivoire et la tuerie des éléphants et en général celui-ci vous avoue que son bibelot est en réalité en plastique !

BOVIDÉS :

En Asie du Sud-est, le gaur (Bos gaurus) et le banteng (Bos javanicus) sont des Ongulés devenus très rares. Le second est à l’origine de l’essentiel des races de vaches domestiques du Laos, Cambodge, Thaïlande etc… Un autre Ongulé très proche, le kouprey (Bos sauveli) a lui, disparu à la fin des années 90 au Cambodge, comme le fut chez nous l’auroch (Bos primigenius) en 1627.

Actuellement, il reste de 15 à 30000 gaurs et environ 8000 bantengs, répartis de l’Inde à Java. Sur ces immenses surfaces, c’est peu et leur avenir est bien sombre. Les chiffres ne doivent pas tromper, 30000 animaux, c’est une petite ville française, ni plus, ni moins…

FÉLINS :

Au sommet de la chaîne alimentaire, ces prédateurs n’ont jamais été pléthoriques ; c’est la logique des choses, mais si l’Homme, super-prédateur s’en mêle, la logique disparaît.

La population totale de tigres (Panthera tigris) ne dépasse pas 7000 individus et n’occupe plus que 7% de son territoire originel en Asie. Les tigres ont disparu de la plupart des pays de l’ouest de l’Asie, mais aussi de Java ou Bali, victimes surtout de la chasse.

Les panthères ou léopards (Panthera pardus) selon que l’on parle de l’espèce asiatique ou de celle d’Afrique, ont l’avantage d’avoir une grande aire de répartition et ne sont pas menacés pour l’instant, bien que sur le déclin comme toute la faune. Leurs mœurs en partie nocturnes jouent aussi en leur faveur.

En Afrique les lions (Panthera leo) sont encore un peu plus de 20000, mais il y en a également de nombreux en captivité.

Le guépard (Acinonyx jubatus) survit sur 23 % de son ancien territoire qui allait de l’Inde à quasiment toute l’Afrique. Il en subsisterait entre 70 et 110 en Iran et il s’agit de la seule population asiatique restante ; l’Afrique en compterait moins de 10 000 au total, surtout dans sa partie australe.

Pour tous ces félins, des programmes de protection et de reproduction sont en marche dans beaucoup de zoos avec des résultats conséquents, mais une réintroduction dans leur milieu si tant est qu’il existe toujours, demeure hypothétique car, il nécessite l’assentiment des populations humaines concernées et en général, ce n’est pas leur souci N°1. On connaît déjà chez nous la cohabitation difficile avec les ours et les loups…

CANIDÉS :

Une mention spéciale pour le lycaon (Lycaon pictus) qui est un magnifique animal tricolore que l’on pourrait qualifier de loup africain, jadis très bien réparti en Afrique subsaharienne, il a maintenant disparu de 25 pays sur les 39 où il était présent. Il est encore victime de piégeage et de maladies transmises par les chiens ; il en reste entre 3000 et 5500. Il y en avait entre 300 et 500 000 au début du XXe siècle.

PRIMATES :

Les Primates dont nous faisons partie sont tous menacés par nous-mêmes. Nous sommes les seuls Primates dont la population est en augmentation perpétuelle et vertigineuse. Pour le moment Homo sapiens n’est pas en voie d’extinction sauf s’il continue sur sa lancée, c’est-à-dire envahissement total de la planète au mépris de l’écologie ou bien encore plus simple : utilisation de certaines armes de destruction totale (et non massive, ce ne sera pas assez). Avec l’arme nucléaire moderne, ce sera en effet, total.

 Les plus proches Primates sont les chimpanzés, bonobos, gorilles et orangs-outans. Ce sont précisément ces derniers les plus en danger devant la déforestation. Il reste encore 50 000 orangs-outans de Bornéo (Pongo pygmaeus) et 13 000 orangs-outans de Sumatra (Pongo abellii).

Je réserve une rubrique spéciale à Homo sapiens quand il s’agit de parler des peuples premiers pour lesquels j’ai beaucoup de tendresse.

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Revue de presse

Jacques Brogard pousse un cri de colère. Les grands thèmes de l'écologie passés en revue.

Midi Libre - 22/01/2017

Plus d'information

Tous les articles de la revue de presse

Peuples premiers

Les peuples premiers ou peuples autochtones se caractérisent par leur préexistence dans un lieu donné, leur non-domination, leurs différences culturelles, leur auto-identité, leur société précapitaliste et enfin leur forte dépendance vis-à-vis d’un écosystème nourricier. Leur vulnérabilité est aussi liée au fait qu’ils n’ont aucun droit de propriété sur leurs terres ancestrales.

Les peuples premiers n’ont plus beaucoup de droits à l’existence. L’occidentalisation-mondialisation galopante finit par avoir raison de leurs cultures. Nous pensons agir pour leur bien en imaginant savoir ce qui sera bon pour eux… Nous pensons pour eux…

 

Je parcours la planète depuis plus de 40 ans. Mon premier voyage, de près de 2 mois, en 1977 au Kenya, m’a permis de rencontrer les Masaïs. À cette époque, ces hommes vivaient libres sur un territoire immense compris entre Kenya et Tanzanie, marchant fièrement avec leurs lances, au bord des pistes, sous un soleil écrasant, sans but apparent vers un horizon si lointain pour nous, mais qui semblait si proche pour eux. Parfois, on les croisait accompagnant leurs vaches, ou en mode « jeunes guerriers » tels ces moranes destinés à devenir adultes après avoir passé le défi initiatique de tuer un lion. En réalité en 1977, les moranes ne tuaient, heureusement plus de lions… Nous, nous nous contentions de les saluer et occasionnellement de les prendre en autostop.

En 1977, j’utilisais des films super 8, autant dire, transporter une valise de cassettes pour 2 mois de voyage ; il fallait filmer à l’économie. Autre problème : il est difficile d’en extraire des photos correctes maintenant, et de toutes manières, photographier ou filmer un Masaï déclenchait chez lui, un courroux immédiat, voire même une certaine violence. Nous en avons fait, mes trois camarades de voyage et moi, l’amère expérience.

En se dirigeant vers le Lac Turkana (anciennement Lac Rudolph), on rencontrait aussi des ethnies proches des Masaïs : les Rendilles, les Samburus, les Turkanas, mais la rencontre avec les El Molo, aux abords immédiat du lac, laisse un souvenir amer car ils ont pratiquement disparu à l’heure actuelle, leur langue s’étant éteinte en 2002, et on sait que la langue est souvent le premier élément à disparaître.

Les Masaïs, si minces, si endurants, sont devenus un peu plus gras, je ne dirai tout de même pas obèses, un peu alcoolisés et ont, grâce à nous, acquis un taux de cholestérol plus élevé. Je ne parle pas de l’achat de territoires de chasse en Tanzanie par de riches Saoudiens qui les évincent de chez eux.

 

Plus tard, en 1981, c’est Bornéo qui a animé ma soif d’aventure et là, encore accompagné de trois camarades nous avons arpenté les jungles du Sarawak dans la partie malaisienne de l’île, durant 3 mois. Nous avons ainsi vécu chez les Kayans et les Punans. Là encore, peu de photos correctes, mais des souvenirs impérissables.

Nos Kayans vivaient sur le fleuve Baram et font partie des tribus Dayaks ; ceux-là sont les Dayaks de la forêt par opposition aux Dayaks de la mer que sont les Ibans au corps entièrement tatoué de motifs naturels tels que des fleurs. Nous avons également rencontré des Ibans au gré de nos déplacements.

Les Kayans amorçaient leur occidentalisation à cette époque et c’est en rencontrant un jeune autochtone, nommé Laïng, qui avait appris l’anglais à l’école du gouvernement que nous avons pu communiquer avec le reste du village. Toutefois, au bout de trois mois, on maîtrisait le malais qui est la langue véhiculaire de Bornéo !

Les Kayans ont pour coutume d’arborer de lourds pendentifs dès leur plus jeune âge ; les oreilles des fillettes sont percées et chargées de poids de façon à pouvoir agrandir les ouvertures des lobes. Les tatouages sur les bras et jambes sont aussi parmi leurs caractéristiques.

Nous avons participé autant à la chasse de survie qu’aux danses tribales, cependant, le summum de notre aventure a été ce qu’on baptisa plus tard « la pêche miraculeuse ». Ce fut une journée consacrée à l’approvisionnement en poissons de tous les convives d’un mariage. Pour cela, les anciens ont fabriqué une décoction à partir d’une liane (Derris elliptica) contenant de la roténone, poison neurotoxique. Il a suffi « d’empoisonner » un petit ruisseau pour concentrer le poison et faire remonter en surface les poissons paralysés. Mode de pêche écologique puisque le poison naturel, s’est dilué ensuite dans la Baram et le petit ruisseau a été recolonisé sans problème.

Tous ces Kayans sont maintenant, 40 ans plus tard, absorbés par la nation malaisienne. Les prémices s’observaient déjà en 1981 ; les vieux ne quittaient pas la jungle, les jeunes adultes allaient en ville pour quelques emplettes et les très jeunes ne rêvaient que de motos et de chaînes hifi. Quand je parle de ville, il fallait 2 ou 3 jours de descente du fleuve vers son embouchure pour arriver à Miri qui faisait figure pour nous de gros village ; mais déjà à Miri, les Kayans apprenaient à consommer ce dont ils n’avaient pas besoin…

 

Tout près du village où nous séjournions, vivaient aussi des Punans. Ceux-ci étaient les seuls nomades de Bornéo ; il faut parler à l’imparfait car en 1981, le gouvernement souhaitait les sédentariser et était parvenu à leur construire des « long-houses » et des écoles à l’image de celles des Kayans et autres Kelabits. Tout cela, destiné à préparer l’exploitation du bois par les compagnies forestières, et également, amorcer les futures plantations de palmier à huile, qui plus tard défigureront Bornéo.

Le Suisse Bruno Manser avait tenté d’aider les Punans dans ces mêmes lieux quelques années après nous, en épousant leur mode de vie et en manifestant contre l’exploitation du bois, autrement dit contre le gouvernement. Sa tête fut mise à prix et plus aucunes nouvelles de lui ne nous est parvenue depuis le 23 mai 2000. On soupçonne un assassinat…

 

La Malaisie péninsulaire abrite de petits hommes évoquant par leur physique les Mélanésiens, ce sont les Orang Asli, ce qui signifie « hommes indigènes » en malais. Leur dernier bastion en 1981 était la jungle sise à cheval sur les états du Trengganu, Pahang et Kelantan en plein centre de la péninsule. Leur survie dépendra du sort de l’immense Parc National de Taman Negara qui, en raison du surpeuplement touristique, commence à fermer ses portes aux visiteurs, tout du moins les pistes isolées, volontairement non entretenues. Ce sera un répit pour ces hommes et pour la faune.

 

Un bref retour en 1996 m’a permis de constater les dégâts de la déforestation et l’acculturation des indigènes du Sarawak.

 

Changeons de continent avec les Tarahumaras ou Raramuris, comme ils s’autodéterminent. Lors d’un voyage dans l’état de Chihuahua au nord-ouest du Mexique en 1994, notre équipe a fait la rencontre fortuite de cette ethnie. Nous étions en plein cœur de la Sierra Madre occidentale, et plus exactement dans le canyon du Rio Urique. Lors de notre ascension, sous un soleil de plomb, nous avions remarqué quelques silhouettes se détachant sur les montagnes vertigineuses 5 ou 600 mètres de dénivelé plus haut, à la manière de sentinelles apaches !

Tout à coup, notre chemin croisa un jeune Tarahumara qui conduisait ses chèvres. De nature très curieuse, il resta plusieurs heures en notre compagnie, intéressé par notre accoutrement, nos paires de jumelles et aussi par des oranges que nous transportions. Il n’en avait jamais vu. Très avenant, mais ne parlant pas espagnol, il finit par continuer sa descente en courant et sautant de rochers en rochers. Les Tarahumaras sont connus pour leurs prouesses de course dans la sierra, dignes des meilleurs marathoniens. J’ai lu depuis que les narcotrafiquants mettaient à profit ces capacités pour le transport de produits illicites.

 

À notre époque, disons à partir de 2010, il ne subsiste plus beaucoup de peuples vivant encore en autarcie dans la nature. Le meilleur moyen pour en rencontrer, c’est de trouver un pays qui soit à la fois, grand, peu peuplé et pas trop accessible. Autant dire difficile… C’est pourtant le cas de la Namibie avec ses 2,5 millions d’habitants sur une superficie de 1,5 fois la France et, si on y adjoint le Botswana, c’est au total moins de 5 millions d’habitants sur 2,5 fois notre pays.

Un ami Français vivant depuis plus de 25 ans à Opuwo, capitale du Kaokoland dans le nord-ouest de la Namibie, nous a facilité la rencontre avec les Himbas.

Ces hommes vivant dans un milieu subdésertique, sont toujours entourés de leur bétail. Ce sont des pasteurs nomades. Ce qui frappe au premier abord, c’est leur couleur rouge due au mélange de graisse et de latérite qu’ils passent sur tout leur corps y compris les cheveux. Les Himbas sont parmi les peuples les mieux adaptés à un environnement ingrat.

Les Hereros sont des Himbas « civilisés », christianisés par les missionnaires allemands au XIXe siècle. Ces derniers ont imposé aux femmes de se couvrir le corps et depuis, elles portent d’invraisemblables robes victoriennes. Dans le même village, il arrive de croiser Himbas et Hereros, c’est-à-dire au sein de la même famille, ceux qui ont obéi aux blancs et les réfractaires.

L’alcoolisme fait des ravages dès que le milieu sauvage protecteur est abandonné, d’autant que le gouvernement namibien verse une rente mensuelle, réduite mais suffisante, aux Himbas qui la convertissent en alcool. Le spectacle est parfois triste à Opuwo.

Les Zembas venus d’Angola se rencontrent aussi au Kaokoland et leur particularité est d’apparaître couverts d’un mélange de charbon et de graisse, leur donnant un aspect très noir par rapport aux Himbas.

La ville d’Opuwo est un creuset où ces 3 ethnies (Himbas, Hereros et Zembas) se côtoient. D’ailleurs les Himbas et les Zembas avaient fait un front commun au nord du Kaokoland en manifestant avec succès contre la construction du barrage sur la Kunene, fleuve qui sépare Angola et Namibie.

 

J’ai un faible pour les Bushmen, appelés aussi San. Ils vivent au Botswana et en Namibie frontalière, c’est-à-dire à l’est près de Tsumkwe. Il n’est pas forcément aisé de trouver un village et je préfère ne pas donner d’indications géographiques exactes, néanmoins, d’authentiques Sans parcourent encore cette région à peine plus hospitalière que le Kaokoland. Les suivre dans leur milieu est un exploit en raison de la chaleur qui ne semble n’avoir aucun effet sur eux.

Faire du feu en toutes circonstances est un jeu d’enfant, avec deux morceaux de bois ; fabriquer un arc dont la corde est tressée en fibre de la Liliacée Sansevieria semble très facile…

 

Pour terminer, je cite Luis Verplancken, un spécialiste de la culture Raramuri : « Les Tarahumaras ne sont esclaves ni du temps, ni de la civilisation. Pourquoi changer cela ? Ils se secourent mutuellement, plaçant l’amitié au-dessus des biens matériels ; ils partagent le maïs si nécessaire. Je pense que nous avons beaucoup à apprendre d’eux. »

 

Que restera-t-il de tout ça en 2020 ou 2025 ?

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